Le devoir de mémoire continue

Les aléas de la vie ne m’ont plus permis de m’occuper activement de notre site durant de trop nombreux mois mais je reprends aujourd’hui le flambeau afin de poursuivre un devoir de mémoire auquel notre regretté Prédisent André Belle et mon mari Daniel Autin, tous deux co-fondateurs de notre association, étaient particulièrement attachés.

Notre association est aujourd’hui orpheline et nous ne sommes plus que deux pour en tenir les rênes, mais comme promis à Daniel et à André ; de quelque manière que ce soit et tant que je le pourrais, je poursuivrai le devoir de mémoire entamé avec eux.

Cependant, avant de reprendre le fil de mes articles, qu’il me soit permis de rendre hommage à André dont les funérailles,  le 30 novembre 2017, ont donné lieu à un hommage solennel en la Basilique d’Albert. Hommage au cours duquel je lui ai adressé ces quelques mots :

Mon cher André,

Voici venu le moment tant redouté de te rendre un hommage posthume. Tu auras lutté jusqu’au bout, et si tu as été vaincu dans cette ultime bataille, il y en a une que tu n’as jamais perdue, c’est celle du courage.

Beaucoup pourront témoigner que tu étais également un homme généreux, André, toujours prêt à rendre service.

Tu aimais la nature. Grand marcheur devant l’Eternel, on ne compte plus les chemins de la Somme où résonne encore le bruit de tes pas. Il me revient le souvenir d’une carte noircie du parcours des trajets empruntés. Et dans cette région si cruellement touchée par la 1ère Guerre Mondiale, aucunes des histoires humaines associées à ces chemins ne t’étaient inconnues. Car dans ce pays du Coquelicot, tu es un pionnier dans la conception de circuits à la mémoire des soldats tombés sur les chemins que tu arpentais.

Depuis toujours tu as eu à coeur de perpétuer, parfois contre vents et marées, le souvenir des soldats tués ou disparus en 14-18, sans distinction de nationalité. A ce propos, à un journaliste de la presse locale tu avais déclaré : « On entre dans une nouvelle ère, celle de la mémoire partagée. Trente-cinq nations se sont affrontées, il n’y a plus de rancoeur et il faut inviter les Allemands à participer aux commémorations ». Et si tu accordais une attention particulière à honorer la mémoire des soldats français venus, notamment, défendre ton village et le secteur de Fricourt en 1914 et 1915, c’est que le voile de l’oubli les avaient peu à peu enveloppés. Lors de ce même entretien tu as ajouté : « A une époque où la mémoire vivante s’est éteinte avec les derniers poilus, le souvenir des soldats français morts dans notre région ne doit pas manquer son rendez-vous avec l’histoire. »

Nous étions une poignée unis par cette même volonté, les sortir de l’ombre. Cette volonté fut à la base de la création de notre association de mémoire ; association dont tu avais accepté la présidence. Sous ton impulsion, et même si nous étions si peu nombreux pour les mettre en oeuvre, de beaux projets ont été initiés, réalisés. Modestes sans doute, mais pour toi ce n’était pas l’important. Que l’on transmette l’histoire de ces hommes , que leur mémoire soit préservée, voilà qui était important à tes yeux. Comme l’était l’accueil des familles qui venaient nous consulter afin de les guider sur les traces de leurs chers disparus ou nous demander d’en faire la recherche.

Jusqu’au bout tu auras gardé le désir de créer d’autres parcours de mémoires sur des chemins oubliés. Et pas seulement, car tu avais encore des projets plein la tête « Pour quand ça irait mieux »…

Descendue un jour de mon plat pays à la recherche d’un aïeul, soldat français tué à Fricourt, tu m’as accueillie et tout appris sur cette époque de l’histoire dans la Somme. Et comme nous étions deux sacrés caractères, on s’est très vite bien entendu. Durant toutes ces années d’amitié, André, tu m’as fait l’honneur, avec ton épouse Jocelyne, de me recevoir comme un membre de la famille. Au nom de tout cela, de tous les bons moments passés ensemble, pour tout ce que nous avons partagé, Merci André.



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