Parcours camion 1917 – Une journée d’enfer dans la Somme

Ce vendredi 28 octobre, Dominique Bleunven et son camion d’époque, en étaient à la troisième étape de leur long périple sur la ligne de front de 1917. Il s’agissait pour eux de rallier, depuis Bapaume et en traversant la Somme,  Fresnoy-le-Grand dans l’Aisne. Et comme vous pourrez constater dans le récit qui suit, l’aventure ne fut pas de tout repos.

Notre président et son épouse n’ayant pu nous rejoindre pour raison familiale, nous étions deux de l’association pour les accompagner durant toute la journée, assistés en cela par quatre membres de l’association « La Fourragère ».  Et cette collaboration nous a bien aidés car la journée a été semée d’embûches.

Mais commençons par le début…Nous étions arrivés la veille à Bapaume pour être prêts au départ du lendemain, départ devant impérativement avoir lieu dès le lever du soleil. En effet, le camion n’étant pas équipé pour rouler de nuit,  il fallait absolument rallier Fresnoy-le-Grand avant l’obscurité.

Le parcours se déroule de la manière suivante : une étape suivie d’un jour de repos pour Dominique et son camion. Le terme « repos » étant relatif car il est mis à profit pour l’entretien du camion et régler les éventuels problèmes qui auraient pu survenir la veille.

(Cliquer sur les vignettes pour les agrandir)

Sous le regard bienveillant du Général Faidherbe (héros de la Bataille de Bapaume en 1871), le camion est exposé devant l’Hôtel de Ville.

Dominique Bleunven (à gauche) répond aux questions d’un journaliste.

Après avoir passé la nuit bien à l’abri, le camion est prêt au départ.

Les amis de l’association « La Fourragère » nous ont rejoints dès le départ.

Arrêt sur la route de Miraumont pour photographier le camion dans la brume du petit matin.

Le soleil est de la partie, la route est belle et la journée s’annonce sous les meilleurs auspices. On en profite pour immortaliser l’instant.

Mais une courroie de ventilateur qui se fait la malle du côté de Hamel et voilà le résultat dans la côte vers la tour de l’Ulster.

Ça chauffe !

Dominique se met au travail.

Cependant cette panne, qui s’est produite à un endroit très fréquenté par les Britanniques, nous a permis de leur parler du projet. Alors Dominique et son camion, ainsi que sa faculté à le réparer, ont fait l’admiration de tous. Et comme il y avait parmi les visiteurs un couple espagnol, gageons qu’on en entendra parler jusque dans la péninsule ibérique !

A peu près une heure de réparation plus tard le camion reprend la route…pour s’arrêter après quelques centaines de mètres et à moins d’un kilomètre du Memorial de Thiepval ! Apparemment une coupure dans l’alimentation électrique.

Pour donner  une idée de la distance parcourue après la première panne, voici une photo avec, au loin, la tour de l’Ulster. Nous sommes dans un chemin étroit où deux voitures se croisent à peine, où passent des tracteurs et même certains camions. Alors un des membres de la Fourragère ira au carrefour afin de les prévenir. Heureusement, aucun ne se présentera, et au bout d’un quart d’heure à une demi-heure le moteur ronronne à nouveau.

Malgré le retard pris sur l’horaire, l’important est qu’il soit est enfin arrivé au pied du Memorial de Thiepval où le camion pose pour la postérité.

Monsieur Pascal Rossignol, reporter-photographe à l’agence Reuters et qui nous a rejoint à la tour de l’Ulster, (ainsi que Madame Emmanuelle Bobineau journaliste au Courrier Picard), immortalise lui aussi cet instant .

Conscients qu’il vit un moment important et émotionnant pour lui, nous nous éloignons pour laisser Dominique se recueillir devant le Mémorial.

Mais le sort s’acharne ! 500 m et quelques, après avoir quitté le Memorial, nouvel ennui dans la descente vers Authuille. Cette fois, et si j’ai bonne mémoire, c’est la magnéto qui fait des siennes.  Mais Dominique n’est pas Breton pour rien, il est tenace. Et alors que l’on pensait devoir trouver de l’aide du côté d’Amiens, il réussi à réparer et bientôt le camion repart pour se lancer ensuite à l’assaut de la côte qui nous mènera vers La Boisselle.

Devant ces coups du sort, les accompagnateurs commencent à craindre la moindre côte et il y en a quelques-unes de bien méchantes dans ce coin de Somme.   On cauchemarde déjà en songeant aux Vosges et à ce qui l’attend là-bas. Nous apprendrons un peu plus tard que le problème qui a provoqué la perte de première courroie, et les soucis qui ont suivi, n’est heureusement pas dû au pourcentage et à la difficulté des côtes !

Face au retard énorme prit sur l’horaire, à La Boisselle nous décidons de laisser le camion à la bonne garde de trois hommes de la Fourragère pour emmener Dominique en voiture vers un monument qui lui tenait particulièrement à coeur, le calvaire breton d’Ovillers où il se recueille un instant.

Ce calvaire, récemment restauré grâce à l’action conjointe de la Somme Remembrance Association, de la famille de Boisanger, de la municipalité de Landerneau et celle d’Ovillers-La Boisselle ; fut élevé par la famille du Lieutenant Augustin de Boisanger en mémoire de ce dernier (et de ses compagnons du 19e Régiment d’Infanterie) tombé ici le 17 décembre 1914.

Grâce à son mari, Madame Line Wattraint, maire d’Ovillers-La Boisselle, nous a retrouvés sur le parking face au cimetière de La Boisselle. La voici aux côtés de Dominique et de nos amis de La Fourragère.

Toujours à La Boisselle, Dominique tenait aussi à découvrir le fameux Lochnagar Crater.

Comme quoi un incident peut en entraîner un autre….

Pour l’anecdote, sur la route, on avait bien remarqué que l’avertissement  » Attention véhicule lent », placé à l’arrière du camion, flottait au vent. Seulement nous le précédions et nous ne pouvions voir ce qui se passait exactement à l’arrière. Cependant, comme nous sommes à moins de 2 km de La Boisselle, on ne s’inquiète pas. On se dit que le bandeau a été mal arrimé et que Dominique réglera cela au parking.  Mais une fois arrivés là-bas…frayeur…nous nous rendons compte que la ridelle du camion est restée abaissée !!! Il semble qu’heureusement rien ne manque à l’appel…Seulement vérification faite, Dominique s’aperçoit qu’un élément important est resté sur la route….son échelle !!! Avec un gars de La Fourragère nous avons fait le chemin en sens inverse et grâce à son oeil de lynx, la précieuse échelle a été retrouvée non loin du Memorial de Thiepval, c’est à l’endroit même où l’on avait connu la 3ème panne !

A cette heure le retard sur l’horaire prévu est trop important. Il doit rallier Fresnoy-le-Grand avant la nuit et Dominique se voit dans l’obligation d’annuler quelques arrêts prévus afin de couper au plus court vers le Mémorial français de Rancourt.

Tout allait bien et nous pensions tous que le mauvais sort avait abandonné la partie…Mais dans l’imposante montée à la sortie de Combles, je vois dans le rétroviseur s’échapper du camion une vapeur annonciatrice d’un nouvel ennui.  Il s’avère qu’il est à nouveau dû à la perte de la  courroie.

Heureusement cette fois, nous avons retrouvé cette dernière à environ 1km en arrière.

Arrêtés après la côte de Combles à cause de ce nouveau problème de courroie !  Pour employer un mauvais jeu de mots, le comble c’est que nous étions à ce moment-là à quelques encablures de Rancourt.

Après cette xième réparation, Dominique décide de rouler le capot ouvert. Ce qui s’avèrera fort utile à l’arrivée à Fresnoy-le-Grand !

Cependant s’en était trop ; le sort et la montre s’étaient alliés contre lui. Il lui fallait prendre une nouvelle et douloureuse décision pour tenter de rallier Fresnoy-le-Grand avant le coucher du soleil. Alors c’est de loin que nous avons salué le Mémorial de Rancourt pour mettre le cap sur Péronne.

Et c’est ensuite sans plus d’incidents qu’on a rejoint Fresnoy, grâce aux précieuses indications d’Arnaud qui non seulement nous accompagnés avec son groupe depuis le départ, mais qui nous a aussi servi de guide depuis Rancourt !

Sans plus d’incidents….vous n’allez pas le croire mais à moins de deux kms de Fresnoy-le-Grand (j’étais à ce moment dans le camion avec Dominique et Arnaud), notre voiture suiveuse nous a dépassés en trombe. Et devinez ce que, par la fenêtre, un des gars de La Fourragère tenait à bout de bras……une courroie !!!  Alors c’est dans la vapeur et la fumée que le camion a fait son entrée triomphale dans Fresnoy-le-Grand !!

Ils y sont arrivés épuisés mais Dominique et son camion ont vaincu haut la main une journée qu’on peut qualifier pour eux « d’enfer de la Somme ».

A l’arrivée on discute ferme autour du capot pour tenter de régler les problèmes afin qu’ils ne se reproduisent plus !

Il est temps pour les deux héros du jour de rejoindre le garage de la caserne des pompiers qui offrira au camion un abri pour la nuit.

Pour finir je voudrais ajouter qu’il faut avoir rouler quelques kms à bord du camion en compagnie de Dominique pour avoir une idée, non seulement de la difficulté de conduite un tel engin, mais surtout de l’exploit qu’il est en train de réaliser !

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P.s : Merci à Monsieur Goubet (président des Anciens Combattants de Bapaume) et à son épouse pour leur chaleureux accueil. Et bien sûr à nos amis de « La Fourragère » dont la présence nous a été salutaire.

One Response to “Parcours camion 1917 – Une journée d’enfer dans la Somme”

  1. Bonjour
    Merci de nous avoir raconter cette belle histoire.
    Quelle aventure et quel courage!
    A bientôt de se revoir.
    Le Souvenir Français de Corbie